Le cuisinier a rendu son tablier

Stéphane est cuisinier depuis 2020 dans une grande chaîne de restauration rapide. En août 2021, son employeur lui impose le pass sanitaire. En effet, sur son lieu de travail comme dans tous les fast-foods, la cuisine n’est pas hermétiquement séparée de la salle de restaurant. Et seules les cuisines dites « fermées » sont exonérées de pass… Voici un épisode de vie, un bel exemple de résistance et de détermination.

Et il est devenu cuisinier suspendu

« Je n’ai pas aimé l’ultimatum, je suis quelqu’un de libre ! A l’époque, j’avais un doute sur le vaccin qui était encore en phase expérimentale, et sur la façon dont on nous l’a imposé. Que l’immunité collective se fasse sans moi… » Stéphane a demandé à parler à son directeur début août, à son retour de congés, pour lui expliquer qu’il ne se fera pas vacciner. Son directeur lui a proposé de faire un test tous les trois jours, mais il a refusé, sachant qu’ils deviendraient payant en octobre. De toutes façons, payant ou pas, hors de question pour lui de faire des tests tous les trois jours. « Que peut-on faire ? » lui demande-t-il. « Contrat suspendu ! » lui répond Stéphane. Et il est devenu cuisinier suspendu. Il reçoit ainsi chaque semaine son planning de travail et chaque mois son bulletin de salaire à zéro euros. Ancré dans ses convictions, il a rapidement intégré le RSA de Plaisir, et participé aux manifestations de Versailles et aux apéros libertés, créant du lien avec d’autres « résistants » épris comme lui de liberté.

En octobre, il a attrapé le virus. Des amies qui le contactent pour prendre de ses nouvelles, lui suggère qu’il va pouvoir retourner travailler. « Certainement pas ! Je n’ai pas passé de tests, je ne veux pas de pass, je suis contre le pass ! ». Tel un grognard de Napoléon, il ne faiblit pas, même s’il avoue une période difficile au moment où le pass sanitaire est devenu pass vaccinal, avec une impossibilité de se projeter dans l’avenir.

Le 3 mars 2022, son directeur l’a contacté pour lui demander s’il était prêt à revenir travailler le 14 mars. Il lui a répondu par l’affirmative et son supérieur hiérarchique lui a dit qu’il sera content de le revoir. Stéphane a tout de même un peu d’appréhension, un rythme à reprendre, des gestes à se remémorer, il a heureusement gardé contact avec des collègues et se doute qu’il sera bien accueilli à son retour.

Quand on lui demande quel est son regard sur ses derniers mois et ce que cela a changé pour lui, il répond après un long silence : « D’un côté, je suis désespéré de voir comment la population s’est faite berner, mais de l’autre, je suis content d’avoir résisté, et d’avoir pu rencontrer d’autres personnes qui sont devenues importantes pour moi et qui font maintenant partie de ma vie. Dans ce monde égoïste, la solidarité que j’ai rencontrée est un trésor qui n’a pas de prix ! »

Le 14 mars, il reprend le travail, après six mois et demi d’inactivité. Il est très bien accueilli, par ses collègues, sa hiérarchie, sa DRH. Quand cette dernière lui demande ce qu’il fera si le gouvernement remet le pass dans quelques semaines, il répond : « Je résisterai ! »

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