Faits comme des rats ?

Univers 25 : l'une des expériences les plus passionnantes d’éthologie, qui, à travers le comportement d'une colonie de souris, tente d'expliquer les sociétés humaines. Vers l'extinction ?

L’expérience Univers 25

L’idée de l’Univers 25 vient du scientifique américain John Calhoun, qui dans les années 70, a créé un « monde idéal » dans lequel des centaines de souris vivraient et se reproduiraient.

Plus précisément, Calhoun a construit un « Paradis des souris », un espace spécialement conçu où les rongeurs disposaient d’une abondance de nourriture et d’eau, ainsi que d’un vaste espace de vie.

Au départ, il a placé quatre couples de souris qui se sont rapidement reproduits, entraînant une croissance rapide de leur population. En effet, les souris ont utilisé le temps qu’elles auraient normalement perdu à chercher de la nourriture et un abri pour avoir des rapports sexuels bien plus fréquents que la normale observée. Tous les 55 jours environ, la population doublait.

Cependant, après 315 jours, leur reproduction ne doublait plus que tous les 145 jours environ. En effet, pour nos souris, les problèmes commençaient. Elles se sont divisées en groupes distincts, et celles qui ne pouvaient s’insérer dans ces groupes se sont retrouvées sans endroit où aller. En général, l’« excès » de population qui ne trouve pas de niche sociale émigre. Mais dans ce milieu clos, l’ « excès » ne pouvait pas émigrer, car il n’y avait nulle part où aller. Les souris qui se sont retrouvées sans rôle social à accomplir, en échec, se sont alors retirées physiquement et psychologiquement. Elles sont devenues très inactives et se sont regroupées dans leur propre zone. Les mâles amorphes ne réagissaient pas aux attaques dont ils faisaient l’objet. Les femelles de ces mâles suivaient le même schéma et évitaient l’accouplement.

Lorsque le nombre de rongeurs a atteint 600, une hiérarchie s’est formée et c’est alors que les plus gros rongeurs ont commencé à attaquer le groupe, si bien que de nombreux mâles ont commencé à « s’effondrer » psychologiquement. Une nouvelle classe de rongeurs mâles est apparue, refusant de s’accoupler avec les femelles ou de se « battre » pour l’espace. Tout ce qui les préoccupait était de manger et de dormir.

La population a atteint un pic de 2 200 souris, soit moins que la capacité réelle de « l’Univers” (3000 individus), et le déclin s’est amorcé.

Les mères souris sont devenues agressives envers les intrus pénétrant dans leurs nids, les mâles qui auraient normalement dû remplir ce rôle de défenseurs étant bannis ou absents. Cette agressivité a débordé, et les mères ont régulièrement tué leurs petits. Par moment, la mortalité infantile atteignit 90 %.

À cette étape, les mâles et les femelles en échec constituaient la majorité de la population. Au fil du temps, la mortalité juvénile atteignit 100 % et la reproduction est devenue nulle. À ce stade, l’homosexualité a été observée et, parallèlement, le cannibalisme a augmenté, malgré l’abondance de nourriture. Deux ans après le début de l’expérience, le dernier bébé de la colonie est né. En 1973, mort de la dernière souris de l’Univers 25.

Des similitudes entre les souris et les hommes ?

John Calhoun signale que « Pour un animal aussi simple que la souris, les comportements les plus complexes impliquent l’ensemble interdépendant de la parade nuptiale, des soins maternels, de la défense territoriale et de l’organisation sociale hiérarchique intragroupe et intergroupe », conclut-il dans son étude. « Lorsque les comportements liés à ces fonctions ne parviennent pas à maturité, il n’y a pas de développement de l’organisation sociale et pas de reproduction. Comme dans le cas de mon étude rapportée ci-dessus, tous les membres de la population vieilliront et finiront par mourir. L’espèce s’éteindra. »

« Pour un animal aussi complexe que l’homme, il n’y a aucune raison logique pour qu’une séquence d’événements comparable ne conduise pas également à l’extinction de l’espèce. Si les possibilités de remplir les rôles sont bien inférieures à la demande de ceux qui sont capables de les remplir et qui ont des attentes à cet égard, seules la violence et la perturbation de l’organisation sociale peuvent s’ensuivre. »

La fin de l’utopie des souris pourrait être due « non pas à la densité, mais à une interaction sociale excessive », a déclaré l’historien de la médecine Edmund Ramsden en 2008. « Tous les rats de Calhoun n’étaient pas devenus fous furieux. Ceux qui parvenaient à contrôler l’espace menaient une vie relativement normale. »

John Calhoun a répété la même expérience 25 fois de plus, et chaque fois le résultat était le même. Le travail scientifique de Calhoun a été utilisé comme modèle d’interprétation de l’effondrement social, et ses recherches servent de point focal à l’étude de la sociologie urbaine.

Établir un parallèle exact entre les sociétés des souris et les sociétés humaines est un exercice tentant, popularisé en France par les expériences du professeur Laborit illustrées par le film d’Alain Resnais Mon oncle d’Amérique. Jusqu’où la comparaison tient la route, puisque souris et humains sont deux espèces différentes ? On peut s’interroger sur la justesse d’une telle démarche mais tout de même, on remarque des similitudes frappantes.

Désocialisation donc violence

La description de ces souris goinfrées, « sans rôle social à accomplir », désocialisées, recroquevillées sur elles-mêmes, évoquent certains profils psychologiques récurrents d’aujourd’hui. Les hikikomori, ces jeunes japonais en souffrance psychique qui vivent reclus dans leur chambre. Le fort questionnement que l’apparition de l’expression bullshit job a suscité, révélant le mal-être de certains salariés pourtant intégrés, considérant leur travail stérile, absurde, non gratifiant. La démobilisation des chômeurs de longue durée, en exclusion sociale. Et perspective encore plus terrifiante, le formidable chômage de masse que nous promet l’intelligence artificielle, rendant subitement inutiles ouvriers, manœuvres, professions intermédiaires voire supérieures, sachants. Que d’individus en échec comme nos souris zombifiées ! Pour eux, quelle échappatoire ? La violence nous répond John Calhoun. Sombres perspectives.

Immaturité ou les hommes faibles font les temps difficiles

Un autre point marquant, l’immaturité induite des individus sur les éléments fondamentaux qui structurent une société. Si cette immaturité est massivement partagée, le développement de l’organisation sociale est donc enrayé et, nous dit l’expérience, elle compromet à terme la survie de la société. L’infantilisation est l’une des armes de l’ingénierie sociale, la manipulation des foules d’aujourd’hui. Processus régressif puisque l’enfant est spontanément conformiste aux valeurs dominantes et il est impuissant à réagir contre toute altération de ses conditions de vie. Pour nos maîtres, il faut que la plèbe soit maintenue dans une irréalité de vie, un cocooning avec jouissance continue et immédiate, une absence de tensions, de contestations, avec des telenovelas et des bonbons mangés sans fin dans Candy Crunch. Pour atteindre ce but, il faut donc détruire les identités nationales, sexuelles et autres qui consolident la maturité de chacun et rendent possible la comparaison, la contradiction, la possibilité de dire « Non », le début d’un contre-pouvoir critique, d’une résistance. Test à la dimension de la société tout entière, l’épreuve du Covid a été l’éclatante démonstration qu’un esprit dans lequel la peur a été instillée n’est plus en mesure de comprendre la situation et de réagir vigoureusement comme un citoyen adulte et responsable serait susceptible de le faire. L’immaturité est une chape de plomb très efficace, d’autant que sa victime la perçoit comme très confortable. On en revient toujours à Ibn Khaldoun, à la dernière proposition de son enseignement phare*, « les hommes faibles font les temps difficiles ».

Affaiblir les identités sexuelles

Il est remarquable que l’expérimentation Univers 25 fasse ressortir l’homosexualité en symptôme de dégénérescence avancée d’une société. La décadence sardarnapalesque, symptôme d’un effondrement civilisationnel, voilà qui n’est pas nouveau.

Pourtant, sauf pour les sociétés où il est une norme (Grèce antique), ou largement tolérée (actuel Afghanistan des bacha bazi, danseurs, gitons d’hommes fortunés), on remarque que ce phénomène se développe aujourd’hui dans toute sa puissance au point que l’on peut parler «d’homocratie ». Ce n’est pas seulement un groupe qui autopromeut ses propres membres au détriment du reste de la population. Cela participe à l’affaiblissement prémédité du Peuple à plusieurs niveaux.

Toujours diviser pour régner, créer une guerre des sexes et si le désordre n’est pas suffisant, inventer l’idéologie du genre pour démultiplier les belligérants (pensez à ces nomenclatures où le nombre des genres dépasse la centaine…). Il s’agit de morceler encore plus la population dans ce conflit fabriquée, cette guerre de tous contre tous.

Mais comme vu plus haut, le but est toujours d’affaiblir les identités. Dans ce but, la notion de fluidité sexuelle est redoutable. Si vous ne savez pas qui vous êtes réellement, qui allez-vous défendre ? Qui êtes-vous ? Votre sens de l’auto-préservation, d’autodéfense risque d’être plus émoussé que celui d’un individu plus structuré, fermement enraciné dans son identité.

La thèse de la surpopulation, une arme contre les peuples

Enfin, dans les années 70, à l’époque de leur publication, les recherches de John Calhoun étaient parfaitement en phase avec la thèse inquiète de la surpopulation mondiale développée par le Club de Rome en 1972, Les limites à la croissance, rapport dirigée par Dennis Meadows du M.I.T., alors dernier avatar des thèses néo-malthusianistes. Plus que jamais d’actualité, elles sont la base doctrinale de la guerre que mène en ce moment l’oligarchie mondiale contre les peuples à coup d’agenda 2030, de notions de décroissance, de soutenabilité et de transition écologique. En effet, les projections des géologues montrent qu’au rythme de l’actuelle exploitation minière, les réserves de la plupart des métaux et hydrocarbures s’épuiseront au cours de ce siècle. Mais si vous appartenez à l’élite mondiale, vous pouvez souhaiter jouir le plus longtemps possible de ces ressources en faisant en sorte que le reste de l’humanité en bénéficie le moins possible, par une baisse générale des conditions de vie.

À bien y réfléchir, les thèses vertueuses de frugalité de Pierre Rabhi font de lui l’un des meilleurs alliés objectifs de l’oligarchie mondiale !

Quid de la destruction programmée de l’agriculture mondiale, avec, à la clé, le contrôle des populations par la famine et les restrictions ?

Moins d’argent pour les peuples par des conditions de vie qui vont en empirant pour pratiquement tous, le but final demeure un nouvel ordre mondial ouvertement exposé. En 2006, l’investisseur milliardaire américain Warren Buffet déclarait : « Il y a une guerre de classes, c’est sûr, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait la guerre et nous sommes en train de gagner. » Ce qui nous rappelle une autre citation de Montesquieu : « Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ». Voilà la psychologie et les manœuvres de nos maîtres. Elles corroborent le scénario des souris les plus agressives contrôlant le territoire et le reste du troupeau.

L’idéologie de la surpopulation nous semble orientée et peut-être fallacieuse. On évoque aussi la transition démographique et dans les décennies à venir, la majorité des états aurait plutôt des problèmes de vieillissement accéléré de leurs populations. D’autres spécialistes affirment également que la terre peut nourrir jusqu’à 10 milliards d’individus. Peut-on en conclure qu’il est possible que le problème ne soit pas lié à une pénurie de ressources mais plutôt au contrôle malveillant de ces ressources ?

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* « Les temps difficiles font les hommes forts.
Les hommes forts font les périodes de paix.
Les périodes de paix font les hommes faibles.
Les hommes faibles font les temps difficiles. »

Ibn Khaldoun (1332 Tunis – 1406 Le Caire)

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