Illusions perdues, l’œuvre capitale dans l’œuvre
Que dire sur Balzac qui n’a pas déjà été dit, et surtout sur ce roman que Balzac désignait lui-même comme « l’œuvre capitale dans l’œuvre », je parle bien sûr des Illusions perdues ? Je n’ai pas lu tout Balzac mais si vous ne deviez n’en lire qu’un seul, lisez celui-là. Il est bon à savoir que Balzac est un « désenchanteur », et c’est ce qu’on lui reproche. Balzac c’est l’antilittérature. Balzac c’est celui qu’on enseigne mal au lycée alors qu’Illusions perdues devrait être la seule œuvre étudiée dès le collège. Donnez ça à lire à des élèves de troisième et jamais ils ne regarderont BFM TV sans voir toute la perfidie qu’il y a dans un sourire de journaliste, jamais, à moins d’être fait de la même boue, ils n’éliront des êtres comme Macron, ce sous-Rastignac, personnage qui évoque la figure de Thiers avant qu’il ne commette ses plus basses œuvres, ce traître déjà à sa Nation lors de la guerre de 1870, assassin déjà de son Peuple lors de la répression de la Commune de Paris. Et on les verrait alors ces jeunes bien élevés s’en prendre à leurs parents ou grands-parents qui oseraient dire du bien du sous-homme d’Amiens, Rastignac-le-petit. Thiers, c’était quand même autre chose, il se tapait la femme de son financier, épousait une de leur fille et couchait avec l’autre. Et c’est ainsi qu’on peut se vendre aux Boches (les Prussiens) avant de demander à Bismarck, la von der Leyen de l’époque, le droit d’aller massacrer les gilets jaunes dans les rues de Paris, sur la colline où la bourgeoisie a fait ériger son Sacré-Cœur pour que la populace ne vienne pas y pleurer ses morts. Vous pouvez être sûr que cette meringue infâme ne brûlera pas, elle.
Le lycée préfère Flaubert et Madame Bovary. Ça ne fait pas de mal à une mouche les sarcasmes de Flaubert. Il critique la bourgeoisie sans la remettre en cause. Quand on est rentier, on ne crache pas dans la soupe. Ceci étant dit, j’aime beaucoup Madame Bovary car je peux vous assurer que les Homais (le pharmacien progressiste et humaniste) sévissent toujours dans les provinces françaises. Emma Bovary réalise la catharsis de la bourgeoisie en avalant l’arsenic qui lui permet d’emmener en enfer ses péchés (ses dettes) et ses illusions (son rêve de noblesse et d’amour romantique). La bourgeoisie est capable de s’amputer elle-même de ses membres malades. Emma sauve le sens de l’honneur (perdu) – cette classe n’en a-telle jamais eu ? – de la bourgeoisie. Chez ces gens-là, monsieur, on se tue pour quelques bouts de tissus impayés !
Balzac était endetté et pas rentier, et sa Madame Bovary, il l’avait écrit quelques années plus tôt. La Femme de trente ans (si on oublie les deux pénibles dernières parties et surtout l’avant-dernière) écrit entre 1829 et 1842 est d’une extrême modernité, dit-on, quand on ne sait pas quoi dire et qu’il faudrait plutôt citer le texte. « La démarche la plus capitale et la plus décisive dans la vie des femmes est précisément celle qu’une femme regarde toujours comme la plus insignifiante. Mariée, elle ne s’appartient plus, elle est la reine et l’esclave du foyer domestique. », des paroles d’amant, autrement dit de coucou.
Balzac, un éléphant dans un magasin de porcelaine
Mettez Balzac sur le coup et il va vous saper toute institution, c’est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Souvent il ne fait pas dans la dentelle, et c’est pour ça que je l’aime.
Mais revenons à nos illusions. José-Luis Diaz écrit à leur sujet : « Un décentrement s’opère ainsi de la vision ultra-romantique de la poésie comme inspiration, martyre du génie, etc., vers le réel de la production littéraire, pour la première fois montré dans sa turpitude industrielle. Le résultat final est une vaste opération de démystification, de mise à nu des mythes romantiques de la poésie. Plus de sacré dans un univers où le livre de poésie, matière périssable entre toutes, est sûr de finir victime du “lavage”, et où les produits littéraires, hiérarchisés selon les critères du marché, sont atteints d’une sénescence précoce due au tourniquet de la mode. La littérature, ce n’est plus seulement l’angélique poète de légende, aigle ou cygne, que Lucien a rêvé d’être, mais aussi la longue chaîne de ces métiers, petits ou grands, qui la font devenir livre et valeur marchande : papetiers, pressiers, typographes, libraires, commis, actionnaires, voyageurs de commerce, etc. » (José-Luis Diaz, « Illusions perdues » d’Honoré de Balzac, Gallimard, coll. Foliothèque, 2001).
Le réel de la production littéraire est pour la première fois montré dans sa turpitude industrielle
La littérature effectue sa révolution copernicienne avec Illusions perdues affirme José-Luis Diaz. Et, celui-ci n’utilise certainement pas le mot « décentrement » par hasard. Avec Copernic, la science est passée d’une vision géocentrée du monde à un modèle héliocentrique. Avec Balzac, l’auteur, plus précisément le poète, n’est plus « l’astre [nageant] dans un fluide parfait qui n’oppose aucune résistance à [son] mouvement »1 mais une planète qui avec d’autres planètes et satellites (tous les acteurs du livre, depuis le papetier jusqu’au libraire en passant par le typographe ou le critique littéraire) constituent le système de la littérature, régi par les lois de la production industrielle capitaliste, au centre duquel se trouve le nouveau soleil de la valeur marchande du livre. Mais, c’est un soleil terne, un soleil capricieux, qui ne se lève pas chaque matin pour tous. La littérature, elle qui se croie éternelle, et l’auteur qui peut devenir un Immortel en étant élu à l’Académie française, lui qu’on enterre au Panthéon, retombent sur terre, « plus de sacré », et sont présentés comme les producteurs d’une marchandise soumise aux modes et rapidement frappée d’obsolescence. Un véritable désenchantement auquel on est convié, « démystification » dit José-Luis Diaz. « Le réel de la production littéraire [est] pour la première fois montré dans sa turpitude industrielle. », précise-t-il. Le mot important ici est « turpitude ». Ainsi, l’on va montrer la laideur morale et l’ignominie qui président à la création littéraire. C’est l’esprit même qui aurait quitté la littérature. Le projet balzacien se veut donc non seulement « scientifique » mais aussi moral. Balzac vise deux cibles. Le livre n’est qu’un des domaines parmi tant d’autres où triomphe le nouveau monde qu’il juge ignoble (de basse naissance). S’il s’y attarde c’est qu’il le connaît bien. Illusions perdues est l’occasion d’ajouter un chapitre à son analyse sans concession du monde moderne. Il veut aussi désacraliser la figure du poète, figure écrasante qui rejette dans l’ombre ceux parmi les écrivains qui ne le sont pas.
Le lecteur contemporain de Balzac et celui d’aujourd’hui ne peut être qu’étonné et même certainement un peu rebuté en abordant la lecture d’Illusions perdues. En effet, on entre par une porte nommée Les Deux poètes (titre de la première partie, premier des trois romans qui constituent l’œuvre) et l’on se retrouve au milieu de machines qui gémissent, tâché d’encre et saisi par le froid du marbre. Je vous offre le premier paragraphe :
« À l’époque où commence cette histoire, la presse de Stanhope et les rouleaux à distribuer l’encre ne fonctionnaient pas encore dans les petites imprimeries de province. Malgré la spécialité qui la met en rapport avec la typographie parisienne, Angoulême se servait toujours des presses en bois, auxquelles la langue est redevable du mot faire gémir la presse, maintenant sans application. L’imprimerie arriérée y employait encore les balles en cuir frottées d’encre, avec lesquelles l’un des pressiers tamponnait les caractères. Le plateau mobile où se place la forme pleine de lettres sur laquelle s’applique la feuille de papier était encore en pierre et justifiait son nom de marbre. Les dévorantes presses mécaniques ont aujourd’hui si bien fait oublier ce mécanisme, auquel nous devons, malgré ses imperfections, les beaux livres des Elzevier, des Plantin, des Alde et des Didot, qu’il est nécessaire de mentionner les vieux outils auxquels Jérôme-Nicolas Séchard portait une superstitieuse affection ; car ils jouent leur rôle dans cette grande petite histoire. »
On s’attendait à trouver aigle ou cygne et nous voilà en compagnie d’ours et de singe
Il y a tromperie sur la marchandise. On s’attendait à trouver aigle ou cygne derrière cette porte et nous voilà en compagnie d’ours et de singe (termes de typographie). On s’attendait à une double ration de poésie, et l’on nous décrit les turpitudes d’un imposteur, d’un opportuniste, d’un imprimeur… illettré ! Jérôme-Nicolas Séchard qui est chargé de fabriquer des livres ne sait pas lire et ne doit son ascension sociale qu’au chaos, qu’au renversement cul par-dessus tête provoquée par la Révolution française, « la désastreuse époque » comme l’appelle Balzac. La désillusion surgit sans avertissement. Le ton est donné dès les premières lignes, qui ne faiblira pas tout au long du roman. « Toi qui entres ici, abandonne tout espoir ». On sait l’admiration que Balzac concevait pour Dante et que la référence du titre de La Comédie humaine à La Divine Comédie ne doit rien du tout au hasard. Le « désenchantement » qui est à l’œuvre dans Illusions perdues – la désillusion est un thème cher aux romantiques – a fait école selon Paul Bénichou qui y fait entrer Sainte-Beuve, Nodier, Musset, Nerval, Gautier. Voici ce que Sainte-Beuve écrit à propos de la « littérature industrielle », concept qu’il a créé : « La grande masse de la littérature, tout ce fonds libre et flottant qu’on désigne un peu vaguement sous ce nom, n’a plus senti au dedans et n’a plus accusé au dehors que les mobiles réels, à savoir une émulation effrénée des amours-propres, et un besoin pressant de vivre : la littérature industrielle s’est de plus en plus démasquée ».2 Amour-propre exacerbé et besoin pressant de vivre : on croirait livre une description en résumé du personnage de Lucien de Rubempré/Chardon. Ce poète idéaliste – l’un de ces deux poètes qu’on ne rencontre pas tout de suite dans Illusions perdues – part d’Angoulême avec la foi ardente de la Poésie à l’âme et au cœur et très vite se laisse pervertir par la gloire – les glorioles plutôt puisque celles-ci suffisent au naïf, à l’imprudent – et les plaisirs faciles. Il ira jusqu’à renier, trahir même des amitiés, celles du Cénacle, qui, elles, n’ont pas renoncé à cette idée que le désintéressement doit s’attacher aux belles œuvres pour paraphraser Sainte-Beuve quand il parle de ce qui a changé depuis le siècle précédent où la littérature industrielle existait déjà. Mais à cette époque « des idées de libéralité et de désintéressement s’étaient à bon droit attachées aux belles œuvres. ».
Une vengeance de M. de Balzac contre la presse
Et Sainte-Beuve et Balzac sont d’accord pour accuser un même responsable : la presse, le journal. Balzac nous décrit le journalisme comme un milieu corrompu par l’argent, où les convictions ont la force de résistance d’une girouette dans le vent. La « réclame » se confond avec l’article rédactionnel sur un livre. Elle fait ou défait un livre selon que la bourse du libraire se délie ou se lie. Le succès de tel ou tel écrivain tient moins à son talent qu’à son entregent. On ne sera pas surpris alors que les critiques, attaqués par Balzac, se soient en quelque sorte vengés. Les romans ont d’abord été édités séparément, et Joëlle Gleize3, précisant que le premier volume les deux poètes n’a « guère retenu l’attention » cite Jules Janin, grand critique de l’époque « qui parle d’un « insipide roman, oublié par tous » ». Mais, c’est Un grand homme de province à Paris qui va subir le plus gros des attaques, et pour cause. Joëlle Gleize encore :« On peut lire dans Le Corsaire : « Ce livre, dans lequel on n’entre que comme dans un égout, ce livre tout plein de descriptions fétides, ce livre dégoûtant et cynique, est tout simplement une vengeance de M. de Balzac contre la presse. », et sous la plume de Jules Janin : « Jamais en effet, et à aucune époque de son talent, la pensée de M. de Balzac n’a été plus diffuse, jamais son invention n’a été plus languissante, jamais son style n’a été plus incorrect… » ».
Balzac n’est pas le seul « antimoderne »
Cependant, et les critiques ont beau s’indigner, il semble que cette vision du livre et de la littérature pervertis par le capitalisme qui les soumet à ses règles, et ce malgré l’optimisme ambiant qui va de pair avec le progressisme – c’est à la même époque qu’Auguste Comte développe sa philosophie positiviste – est partagée par beaucoup. Nodier pousse même plus loin la critique remettant en cause l’écriture même. « Un puissant génie se trouva, le plus hardi et le plus prodigieux, sans aucune espèce de comparaison, qui ait jamais influé sur les destinées futures de l’humanité, et il inventa la lettre. La lettre enfanta la diffusion des langues et celle des sociétés, la guerre et le despotisme. L’âge d’or était fini, et l’homme sortait pour la seconde fois du paradis terrestre. »4 Ce jugement ne laisse pas d’étonner mais nous semble moins extrême qu’il en a l’air quand après avoir écouté Pierre Bergounioux5, on apprend que la lettre a été créée en Égypte pour pouvoir enregistrer les esclaves ! Alors, Nodier se réfugie dans la bibliophilie, pour le dire vite. A l’opposé, on trouvera Baudelaire qui se servira de la presse pour se construire une renommée. « Mon livre de poésie ? Je sais qu’il y a quelques années, il aurait suffi à la réputation d’un homme. Il eût fait un tapage de tous les diables. Mais aujourd’hui, les conditions, les circonstances, tout est changé. »6 Il rêve de devenir une célébrité. N’y aurait-il pas chez Baudelaire une tentative de retour vers la vision romantique de l’artiste, ce « martyre du génie », comme l’écrit José-Luis Diaz dans le texte, sujet de notre réflexion. La vision romantique libérale de l’écrivain chère à Mme de Staël où doivent prédominer « les droits de l’originalité […] à la place du joug de la correction. », ou celle de Hugo dans la Muse française : « Le poète appelle l’inspiration par la méditation comme les prophètes s’élevaient à l’extase par la prière ». Tout ce que Balzac semble vouloir mettre à bas. Et, c’est bien ce qu’il fait aussi dans les Illusions perdues, il commet un crime de lèse-majesté envers les poètes. Dans le nouveau triumvirat (poésie-théâtre-roman) qui préside à la République des lettres et qui a remplacé l’autocratie des Belles Lettres, le roman est considéré, à l’époque de Balzac, comme le moins bien disant. Son livre, et toute son œuvre, a pour but de donner ses lettres de noblesse au roman et au romancier. Il le fait dans Modeste Mignon aussi en désacralisant la figure du poète Canalis qui n’écrit que des sentiments qu’il ne ressent pas et qui croit plus à la fortune de l’héroïne éponyme qu’aux miracles de l’amour. Le poète, malgré lui, est aussi avant tout l’otage des libraires et des journalistes. Il n’est pas plus esprit, plus éthéré, moins humain que Balzac, romancier. La différence est que Balzac ne veut pas, lui, tromper son lecteur ou ses admiratrices. Il n’est pas là pour faire du charme mais pour montrer la réalité, pour dire la vérité. Mensonge romantique contre vérité romanesque, pour paraphraser le livre de René Girard qui ne traite pas de notre sujet. Le théâtre aussi aura droit à son désenchantement. Balzac y montre l’envers des coulisses. « Balzac figure la manière dont, sous le capitalisme, le théâtre est prostitué », écrit Georg Lukács dans Problèmes du réalisme.
J’ai plus appris dans Balzac, même en ce qui concerne les détails économiques que dans tous les livres des historiens, économistes, statisticiens, professionnels de l’époque, pris ensemble.
Balzac semble prédire le crépuscule du poète comme figure dominante dans la littérature. Son « réalisme » annonce le repli qu’ont été contraint d’effectuer des poètes comme Mallarmé, par exemple. Repli dans un certain idéalisme, dans l’Idée. Pour fuir les Séchard, les Lousteau, les Barbet ? Être poète à la fin du siècle, c’est être maudit comme l’a compris Verlaine. Mais, la malédiction est différente de celle dont parlait déjà Vigny dans Chatterton : « (…) du jour où il sut lire il fut Poète, et dès lors il appartint à la race toujours maudite par les puissances de la terre… » la malédiction se fera décadentiste, symboliste. Qui connaît encore aujourd’hui, qui lit encore ceux qui n’ont pas voulu ou pas su se plier aux lois de l’offre et la demande ? Les Corbière, Jarry, même Huysmans. Au début du siècle, la « bonne société » et le pouvoir se méfiaient du roman. Objet immoral ou propre à semer la subversion, on surveille sa production et sa diffusion quand on ne la censure pas. Le colporteur qu’on avait oublié pendant la Révolution est à nouveau placé sous surveillance à partir de 1830. Baudelaire et Flaubert passent au tribunal. A la fin du XIXe siècle, c’est l’écrivain, le poète surtout, qui se méfie du livre. Amère revanche pour Balzac qui n’en souhaitait pas tant. Il aurait certainement souhaité se tromper. Le poète a été vaincu parce qu’il n’accepte pas le compromis qu’il voit comme une compromission. Balzac lui a accepté de jouer le jeu, il avait certainement conscience de ses contradictions puisqu’il utilise, pour se valoriser et valoriser le roman, un outil qu’il dévalorise dans son roman ! C’est un réaliste désillusionné mais qui n’a pas peur de se confronter à la réalité. Il est réaliste dans sa manière de « fictionnaliser » le réel pour le rendre accessible au plus grand nombre. Dans son genre, il n’eut guère de continuateur. Pour Georg Lukács, « Flaubert et Zola ne sont plus que les « observateurs critiques » de la « société bourgeoise déjà instituée et achevée », ils substituent au récit une « méthode descriptive ». Or, le « récit structure, la description nivelle ». »7On ne sera alors guère étonné par les propos de Friedrich Engels dans une lettre à Margaret Harkness en avril 1888 : « J’ai plus appris [dans Balzac], même en ce qui concerne les détails économiques (la redistribution de la propriété réelle et personnelle après la Révolution), que dans tous les livres des historiens, économistes, statisticiens, professionnels de l’époque, pris ensemble. » On imagine mal qu’Engels soit passé à côté de la lecture d’Illusions perdues, avant de faire un tel aveu de reconnaissance. Balzac aurait donc donné une leçon sur le capitalisme à l’un des pères du matérialisme historique. « Démystification » dit José-Luis Diaz. Marx aurait dit dévoilement du caractère fétiche de la marchandise. Fétichisme de la marchandise, c’est-à-dire, pour le dire vite : croyance que les objets produits ont une vie autonome et oubli qu’ils sont avant tout le fruit de rapports sociaux. Balzac, précurseur, père non pas d’une nouvelle « économie » du livre mais critique de l’économie du livre comme Marx ne voulait pas être un nouvel économiste mais le critique de l’économie politique. Aujourd’hui encore, on ne saurait se passer de Balzac pour comprendre le monde. « La publicité crée le désir de consommer, le crédit en donne les moyens, l’obsolescence programmée en renouvelle la nécessité. », écrit Serge Latouche. Ces trois piliers du capitalisme contemporain sont déjà à l’œuvre chez Balzac. On vit beaucoup à crédit dans Illusions perdues, on y publie de la « réclame » dans les journaux pour vendre un livre, et le succès est éphémère, on est friand de nouveautés.
1 Ptolémée, Almageste, XIII,12. – préface de Halma, p. 15-16. Cité dans l’article de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Ptol%C3%A9m%C3%A9e
2 Charles Augustin Sainte-Beuve, « De la littérature industrielle », Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1839, p. 679-691. Cité dans le CM.
3 Source pour toutes les citations de Joëlle Gleize : http://www.v1.paris.fr/commun/v2asp/musees/balzac/furne/notices/illusions_perdues.htm
4 Anne-Marie Roux, « L’âge d’or dans l’oeuvre de Nodier : Une recherche du temps perdu à l’époque romantique », Romantisme, n° 16, 1977, « Autour de l’âge d’or », p. 30-31. Cité dans le cours magistral.
5 A écouter ici : https://www.franceculture.fr/litterature/et-lhomme-inventa-lalphabet-par-pierre-bergounioux
6 Lettre à sa mère. Citée dans le CM.
7 Cité dans Littérature : 150 textes théoriques et critiques, J. Vassevière et N. Toursel, Armand Colin, 205, p. 233