Quand « Moz » se paye Gates et Schwab !
Le 26 juillet 2024, lors d’un concert qu’il donnait à Las Vegas, le chanteur a projeté des images de Bill Gates, Klaus Schwab et Anthony Fauci au cours de son interprétation de la chanson The World Is Full of Crashing Bores (Le monde est plein de gens rasoirs). Il a désigné leurs visages avec en fond les paroles suivantes : « ceux qui vous veulent du mal travaillent dans le cadre de la loi » et « les criminels éduqués travaillent dans le cadre de la loi ». Le fait d’associer ces sinistres personnages à des criminels est tout sauf une surprise venant de Morrissey. Expliquons.
Steven Patrick Morrissey, né en 1959 à Manchester au sein d’une famille ouvrière, est un artiste anglais qui jouit d’une immense notoriété (notamment) outre-Manche, pour son œuvre et son esthétique. Co-fondateur du groupe de rock alternatif The Smiths dans les années 1980, il poursuit depuis la dissolution de celui-ci en 1987, une riche carrière solo. Ses textes poétiques évoquent la nostalgie, la solitude, la tendresse, mais certains ont un côté plus revendicatif, tels, dans les années 1980, Meat is Murder (Morrissey se posant en défenseur intransigeant du végétarisme) ou le pamphlet anti-Thatcher, la Première ministre libérale de l’époque, Margaret on the Guillotine.
Héraut de la classe ouvrière, ennemi des élites et des institutions
En tant que personnage public, Morrissey s’est toujours montré inclassable et anticonformiste. Un de ses biographes le qualifie de « héraut de la classe ouvrière, ennemi des élites et des institutions », qui ne manquent pas en Angleterre, de la monarchie aux majors du disque. Depuis une dizaine d’années, au gré de déclarations un brin provocatrices, il s’est ainsi attiré les foudres des médias dominants, qui chassent en meute comme on le sait. Ses critiques contre les JO de Londres (tiens, tiens) en 2012 sont mal passées. Puis il a été catalogué comme raciste par le camp du Bien, lui qui est avant tout un nostalgique de l’Angleterre de son enfance et de sa classe ouvrière et de la britishness (mais il semble devenu malséant de l’exprimer tel quel). Il a aussi eu le front de demander des comptes aux gouvernants à la suite de l’attentat islamiste dans une salle de concert de Manchester, sa ville, en 2017. Ce refus de communier à la vague « Charlie » à la sauce anglaise lui valut excommunication. Le magazine Les Inrocks lui reprocha à l’époque « des attaques nauséabondes »… On reconnaît la méthode de dénigrement, qui alla alors crescendo, la presse exposant à l’envi ses x déclarations les plus « polémiques » (c’est-à-dire condamnables, car il est des choses qu’on ne peut dorénavant discuter…).
« Moz » ne désarme donc pas, donnant crédit à ce même biographe qui parlait d’un « professional Refusenik ». Après les émeutes qui ont secoué l’Angleterre début août, il m’est avis que le falot et lâche Premier ministre Starmer risque bien de recevoir sa volée de bois vert prochainement… Mais je peux fort bien me tromper, Morrissey étant assez souvent là où ne l’attend pas. A suivre donc.
Dans le même registre, on soulignera l’opprobre (et non l’eau propre comme disait l’autre sous-sous-ministre) du même tonneau dont Roger Waters, autre gloire du rock (Pink Floyd), est lui aussi victime. Celui-ci a le sacré tort, il faut le dire, d’avoir toujours été un antimilitariste qui l’ouvre… Ses propos sur la guerre en Ukraine et sa dénonciation d’Israël ont scandalisé nos petits kapos, naturellement… Attaqué (antisémite, pro-russe, nostalgique du nazisme même !), dénigré, boycotté, il reste comme Morrissey un poil à gratter dans le monde finalement bien policé du rock…