Chimères
Nous étions en l’an 22 du règne de Chiméric 1er, sous la dictature des hypochondriaRques.
J’étais poursuivi par des monstres microscopiques, vecteurs insatiables de la syphilis du papillon.
Les porteurs – asymptomatiques – en étaient des hybrides mâtinés de singe et de faucon.
Étaient-ils envolés des tours de Notre-Dame, volés dans un oratoire ou échappés d’un laboratoire ? Je ne sais. Mais dans l’espoir d’en capturer un pour contribuer à la vigilance sociale, je ne me séparais pas de mon filet à papillons et d’une visière grossissante qui, tout en me protégeant, me permettrait, pensais-je, de les observer malgré leur minuscule transparence.
Je déambulais donc près de la Tour Saint-Jacques lorsque j’en aperçus un sur l’épaule d’un passant. Je lançais prestement mon filet qui par maladresse en vint à coiffer le visage du quidam.
Las ! C’était un hypochondriarque mi-flic mi-médecin qui se retourna d’un bond et me dit courroucé : Mais que faîtes-vous là ? – Votre splendide vacuité, pardon, votre céleste innocuité… je suis confus… je chasse la syphilis du papillon – Mais c’est une chimère ! répondit-il, mi-figue mi-raisin et sans désemparer il retira 20 points de mon crédit social.