Infâme fut, infâme est, infâme sera

Il ressent ce plaisir pervers à se croire soudainement puissant quand le faible l'interpelle, il en redemande, il s'en pourlèche ses babines de hyènes. Humilier lui procure jouissance.

C’était aussi il y a deux ans

S’il n’y avait le dégoût que cette suffisante béance m’inspire, j’aurais envie de le laisser en une du site, le sous-chef de bande d’une Cosa Nostra presque anonyme, substantifique moelle de l’infâmie et de la corruption des prétendues élites ; le laisser jusqu’à ce qu’il parte enfin, le massacreur des Gilets jaunes, le liquidateur de la Sécurité sociale, le dépeceur de l’hôpital, le tyrraneau perlimpinpinesque. Parce qu’il partira de gré ou de force. Il transforme le vin en eau saumâtre, en eau de bidet, en eau de boudin, ce pousseur de bouton de la Grande machine à laquelle nous sommes enchaînés ; il ne s’émeut que lorsqu’un algorithme lance des opérations ou lorsque d’autres lignes qui ne sont pas des lignes de code font leur effet. Il ressent ce plaisir pervers à se croire soudainement puissant quand le faible l’interpelle, il en redemande, il s’en pourlèche ses babines de hyène. Humilier lui procure jouissance.
Organisée par son service délice et divertissement était l’intervention de cette infirmière, malgré qu’elle en ait. Regardez-le, ce petit homme, faire le fanfaron devant cette femme en larmes. Devant cette infirmière en larmes, il sort des statistiques. Devant cette femme en larmes, il fait le malin, le Malin. Devant sa basse-cour de racailles et de piétailles journalistiques, il ose dire :  » Si vous voulez parler avec moi, d’abord, le mieux c’est de ne pas me filmer ! ». J’avoue que là, il me laisse sans voix. Il fallait oser… Mais, on sait bien que selon l’adage audiardesque, il y a une certaine catégorie de personnes qui osent tout et c’est même à ça qu’on les reconnait. Ah ! Qu’on aimerait qu’il osât la même chose devant un tonton flingueur !
Je vous en conjure, infirmières ou qui que vous soyez victimes de cette béance suffisante, n’allez pas plaider devant lui, c’est vous jeter dans la gueule du loup, parce que vous êtes les agneaux de la fable, des agneaux qu’il a déjà dévorés avant que vous puissiez même prononcer un seul mot.

***

Le loup et l’agneau

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
            Nous l’allons montrer tout à l’heure.
            Un Agneau se désaltérait
            Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
       Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
            Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
            Ne se mette pas en colère ;
            Mais plutôt qu’elle considère
            Que je me vas désaltérant
                         Dans le courant,
            Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
            Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
       Reprit l’Agneau ; je tette encor ma mère
            Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
       Je n’en ai point. C’est donc quelqu’un des tiens:
            Car vous ne m’épargnez guère,
            Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge. »
           Là-dessus, au fond des forêts
            Le loup l’emporte et puis le mange,
            Sans autre forme de procès.

Jean de La Fontaine


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