Éveiller la société aux violences parfois « cachées » ou en apparence « anodines » faites aux enfants dans le milieu scolaire et ailleurs
L’auteure est une psychologue qui, après des années en crèche, dans les écoles, en pouponnière pour l’aide sociale à l’enfance et dans des associations de soutien à la parentalité, a créé son propre centre, nommé « Chrysalide », où elle reçoit en consultation des adultes, des enfants et des parents. Elle anime également des conférences dans toute la France sur de nombreux sujets qui concernent les enfants
Son livre est divisé en trois parties principales qui traitent des formes de violences, plus ou moins visibles, faites aux enfants dans la société aujourd’hui :
- Les violences éducatives et institutionnelles
- Les violences sanitaires (les mesures maltraitantes de la crise covid)
- Les violences sexuelles
Sonia prône une éducation bienveillante, tout en appliquant des règles fermes, structurantes et des limites protectrices pour donner des repères aux enfants. Elle nous propose de sortir de la voie de la domination (punition, tableaux de récompenses, etc.) et d’aller vers une éducation qui aidera l’enfant à mieux gérer ses émotions, vers plus de confiance en lui et vers l’envie d’apprendre. Des connaissances en neurosciences et des différents stades de développement de l’enfant sont indispensables pour comprendre pourquoi la peur et les punitions ne peuvent en aucun cas engendrer des futurs adultes heureux et équilibrés. La peur incite à l’obéissance et non pas à l’intelligence et à l’empathie. La peur et l’humiliation figent l’être humain et ne font que retarder le développement du cortex préfrontal indispensable pour une meilleure gestion de soi.
Sonia traite également le problème des violences sexuelles faites aux enfants et met en garde contre une sexualisation précoce des enfants à travers les écrans par l’exposition à la pornographie ainsi que par le biais des cours « d’éducation sexuelle » dès l’école primaire. Elle pose la question : « peut-on éduquer à la sexualité ?» et rajoute qu’un « enfant peut être lourdement traumatisé sexuellement, sans même que son corps ait été approché. » « Des images hypersexualisées peuvent se former dans le psychisme de l’enfant par le biais des écrans, voire sur la base de discussion autour de la sexualité à l’école ». Parler d’actes sexuels d’adultes à un enfant entre 9 et 11 ans, voire parfois plus jeune, peut en effet créer ce qu’on appelle une effraction psychique chez l’enfant et le perturber fortement. Il est important de respecter son niveau de curiosité et son innocence et ne pas faire sauter des étapes dans son développement naturel à travers l’enfance et l’adolescence.
Le confinement et la fermeture des écoles ont fait exploser la violence dans les foyers
Une des parties de son livre concerne les violences sanitaires faites aux enfants que nous avons pu constater en temps de covid. La violence institutionnelle s’est intensifiée vis-à-vis des enfants pendant cette période à travers des mesures draconiennes.
Le confinement et la fermeture des écoles ont fait exploser la violence dans les foyers car la santé psychique des adultes s’est considérablement dégradée de manière générale. Une telle perte de repères et de routines se répercute sur tout le monde d’une manière ou d’une autre et ce qui affecte les adultes va forcément impacter les enfants. Retard scolaire, augmentation du temps d’écran et baisse d’activité physique ne sont que quelques-uns des effets néfastes produits par le confinement. Et quand il était temps de retourner à l’école, une ambiance d’anxiété y régnait qui n’était pas facile à gérer, ni pour le personnel, ni pour les enfants. Les visages masqués, le gel hydroalcoolique à chaque porte et ensuite les tests médicaux pour pouvoir revenir à l’école ont créé un climat de peur et de coercition peu propice à l’apprentissage et au « vivre ensemble ». L’autre devenait un danger, contaminant, potentiellement nuisible. Rares et précieux étaient les adultes qui ont réussi à garder leur bienveillance et qui ont continué à veiller à l’intérêt supérieur de l’enfant pendant cette période. Malheureusement, les punitions pour « mauvais port de masque », des réprimandes et de la culpabilisation à l’égard des enfants ont été fréquents et soulevés par plusieurs collectifs de parents et même d’enseignants.
Ce livre à pour vocation d’éveiller la société aux violences parfois « cachées » ou en apparence « anodines » faites aux enfants dans le milieu scolaire et ailleurs. Sous couvert « d’éduquer », des adultes peuvent faire plus de mal que du bien, souvent en reproduisant ce qu’ils ont eux-mêmes vécus en tant qu’enfant. Sonia Delahaigue invite à réfléchir à ces problématiques et à les affronter ensemble en proposant d’autres manières d’agir avec les enfants. Il ne s’agit pas d’aller vers du laisser-faire, mais vers une approche moins coercitive et plus respectueuse de l’enfant, petite personne en devenir.
Son livre se trouve facilement sur le site Exuvie ainsi que dans de nombreuses librairies en France et vous pouvez écouter l’auteure elle-même présenter son livre ici.