Tel les Faux
Nichés au cœur de la forêt de Verzy, il est des arbres mystérieux : les Faux.
Ces hêtres se distinguent de leurs congénères hauts et droits, fiers et élancés
La forêt est pleine de tels spécimens, frêles bouleaux, beaux chênes, pins.
Les Faux, eux, sont bas, comme voûtés, leurs troncs font de drôles d’arabesques,
Comme leurs branches, qui se tordent en tous sens.
Les Faux sont d’essence tortueuse.
Jeunes pousses, ils rampent presque, malhabiles et discrets, des arbres-tortues ;
Puis ils croissent, étendant leurs branchages de ci, de là, comme hésitant,
Dessinant un entrelacs déroutant et d’intrigantes constructions :
Huttes gauloises, chevelures feuillues, parasols, abris de verdure.
Aux temps anciens, on les croyait la proie d’une malédiction divine,
Pourtant les moines du lieu les entretinrent dit-on, et les préservèrent,
Et les gens alentours de même sans doute, intrigués comme nous,
Malgré toute notre science, par ces prodiges difformes par nature.
On les plaindrait presque ces pauvres hêtres, ces pauvres hères, tordus,
(Poor twisted child, so ugly, so ugly, poor twisted child, ces mots résonnent),
Qui nous murmurent qu’on peut vivre et espérer hors de la rectitude
Et que les chemins du ciel sont bien contournés parfois, tortueux eux-aussi,
Pour nous mortels comme pour eux.
Dans les hauts de Verzy, on rencontre des arbres mystérieux : les Faux.
Quelques centaines d’êtres singuliers qui ploient,
Se plient, s’étendent, se courbent, se déplient, se déploient,
Suscitent notre admiration et nous relient : (h)être, tel les Faux !