Maître-mot, mot du maître

Pourquoi malgré tout faire un journal en ligne ?

Il s’agit du mot « représentation ». C’est sur ce concept que les sociétés industrielles avancées, les dites démocraties dites libérales, pour ne pas dire capitalistes, se sont construites. L’abbé Seyes avait donné le ton : « Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. ». La messe était dite.

La presse allait répéter quotidiennement ce credo. Elle serait jusqu’aujourd’hui, le pilier principal sur lequel la classe qui était en passe de prendre le pouvoir allait asseoir sa domination. La presse répète en boucle en le dissimulant le message de l’abbé Seyes : il ne peut pas y avoir de démocratie sans représentant car l’individu est incapable de connaître le monde directement, im-médiatement. Ce monde duquel on a entrouvert la fenêtre où les voies du Seigneur ne sont plus impénétrables, il ne faut pas que tout un chacun puisse aller y jeter un œil sans intermédiaire, sans l’aide des nouveaux maîtres. Quand le pouvoir semble vous octroyer une liberté (la liberté de la presse en l’occurrence), c’est pur mensonge car la seule chose que peut faire le pouvoir, l’État, c’est vous ôter des libertés « naturelles ». La liberté de la presse, c’est la liberté qui vous est ôtée de voir le monde tel qu’il est, et surtout et avant tout la réalité du pouvoir.

Guy Debord dans la première thèse de La Société du spectacle va jusqu’à dire : « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. ». Et, je pense que l’on en est effectivement là. Les médias, alliés du pouvoir, simples relais du pouvoir, aux mains d’oligarques comme ils le furent dès le début, s’emparent de la réalité pour la faire correspondre au langage du pouvoir. Et il s’agit de faire taire toute voix discordante qui n’accepte pas ce mauvais spectacle. Le pouvoir d’ailleurs, quand la réalité commence à lui échapper et que le mensonge médiatique n’est plus d’aucun recours va jusqu’à transformer la réalité. L’assignation à résidence « novlanguisée » et édulcorée en « confinement » n’a servi qu’à cela : faire en sorte que la réalité corresponde au narratif du pouvoir. Mais, c’est un autre sujet que je développerai peut-être ici, en tout cas certainement dans d’autres colonnes.

Alors, compte-tenu de ces réflexions comment avoir envie de faire un journal en ligne ? N’est-ce pas contradictoire me direz-vous ? Non, parce que nous ne parlerons pas des révolutions de palais que sont des élections et qu’on nous fait prendre pour des messes démocratiques ou de tout autre actualité du pouvoir. Du moins, nous n’en ferons pas des événements. Parce que nous essaierons d’être le moins éloigné de ce que nous représentons, nous n’aurons pas la prétention de vous présenter le monde plus ou moins lointain, nous essaierons de nous présenter le plus possible en n’ayant pas la prétention de représenter autre chose que nous-même en toute subjectivité, qui est la seule vérité humaine.

Philippe Menestret

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