Ils imaginent

Nous sommes dans un monde surprenant, un monde de l’instant et de plaisirs impatients. Un monde qui va très vite et en même temps qui est trop lent. Un monde qui avance chaque jour un peu plus vite à reculons, qui dit oui en même temps qu’il nous dit non. Un monde du tout dans le rien, qui se vide et chavire, fait de consommables, un monde qui se consume, un monde d’amertume et de rancœur, un monde malade à la dérive qui ne sait plus qui il est : un monde qui agonise.

Joubert était à la recherche d'autres âmes. Sa vanité à lui. Pourtant, il vous aurait dit qu'il ne croyait pas en ce Dieu. Mais il lui tournait autour depuis des années. Il pouvait citer Christ, s'appuyer sur ses paroles. Jamais il n'aurait prononcé le mot âme. Ou alors dans le silence de son être, pour lui-même, parce qu'il n'aurait pas su définir ce qu'elle était.

Étaient-ils envolés des tours de Notre-Dame, volés dans un oratoire ou échappés d’un laboratoire ?

Il avait cherché la vraie vie pendant toutes ces années. L'amour, la communion avec d'autres êtres. L'amour. Cette chose presque inconnue de lui, qui était même moins qu'un nom jusqu'à ce qu'il ait dix ou onze ans.

La défaite d'un adolescent vient de ce qu'il se laisse persuader de sa misère. François Mauriac
Un feuilleton de Pierre Toré

Nous ne sommes
Nous les hommes
Que lumière