Variations sur le nécessaire et suffisant confinement. 1 – Nous sommes à bord du Nostromo

J'avancerai que l'assignation à résidence décrétée par le gouvernement en mars 2020, autrement appelée « confinement », est l'élément central de la crise dite du Covid. Le covidisme peut se définir comme l'idéologie qui repose entièrement sur cette assignation. Autrement dit, la pandémie de Covid n'a eu de réalité que par la grâce du confinement.

« Un être humain privé de la faculté d’avoir un impact significatif sur le monde cesse d’exister. » David Graeber, Bullshit Jobs

Pourquoi variations ?

La Variation est une technique de composition basée sur la recherche de variété par la modification de la mélodie, du rythme, de l’harmonie ou encore du timbre. Elle est fondamentale dans la composition musicale écrite autant que dans les musiques de tradition orale. (France-Musique).

La Variation, c’est pour moi les Variations Goldberg de Bach interprétés par Glenn Gould (enregistrement de 1956). Je sors épuisé de leur écoute, rincé, saturé de musique. Variations Goldberg : musique épuisante et tentative d’épuisement de la musique. Je dois la découverte de Glenn Gould à Thomas Bernhard, grand écrivain autrichien. Écrivain de la tentative d’épuisement de la phrase infinie. Chaque roman de Thomas Bernhard est le sacre de l’épuisant inépuisable. « La vérité est que l’homme n’a aucun contrôle sur ses propres pensées. (…) Il y a toujours et inévitablement une séquence de pensées qui ne permet pas aux hommes d’arrêter le flux de leurs paroles et de cesser de penser. » 1 La variation est répétition. Une répétition maniaque. Des fragments de phrases qu’on jette comme des petits cailloux blancs pour ne pas se perdre, pour ne pas devenir fou. La répétition est radotage. C’est une irritation (Des arbres à abattre), c’est la croûte d’une plaie que l’on gratte qui ne cicatrisera jamais. Ces irritations nous entraîneront peut-être dans des lieux incongrus, nous pousseront à entrer dans des considérations saugrenues. Mais le réel – qui aura besoin d’être redéfini sans cesse – sera toujours là pour nous éviter de nous perdre dans le froid sidéral de la pure spéculation. J’emprunterai son exubérance au baroque pour m’y aider et aussi son goût pour les métamorphoses. Saisir ce qui n’est que passager, s’arrêter au milieu de la transition. Pour voir ce qui fut et ce qui sera dans le même temps. Exactement là où nous en sommes aujourd’hui.

Proposition

J’avancerai que l’assignation à résidence décrétée par le gouvernement en mars 2020, autrement appelée « confinement », est l’élément central de la crise dite du Covid, un rhizome qui a proliféré en de multiples ramifications (liste non exhaustive) : fermeture des lieux publics et des commerces dits « non essentiels », auto-autorisation de sortie, interdiction au médecin de soigner, télétravail (pour certains), et ensuite pass sanitaire et vaccination. Le covidisme peut se définir comme l’idéologie qui repose entièrement sur cette assignation. Autrement dit, la pandémie de Covid n’a eu de réalité que par la grâce du confinement.

Qu’est-ce que le confinement ?

Le Dictionnaire électronique des synonymes nous en donne les définitions suivantes :
A.− Vieilli. Isolement (d’un prisonnier).
B.− Fait d’être retiré ; action d’enfermer, fait d’être enfermé (dans des limites étroites).
− Spéc. Interdiction faite à un malade de quitter la chambre.
C.− BIOL. Maintien d’un être vivant (animal ou plante) dans un milieu de volume restreint et clos.
Le Dictionnaire historique de la langue française ajoute : « Dès le moyen français, le verbe signifie aussi « être situé sur les confins de » (1468), « être contigu à » ». Au figuré, le mot « confins », dont est tiré « confinement », signifie « état intermédiaire ».

« Confinement » est un terme qui fait scientifique. Il m’évoque en premier un sas, le sas de confinement, celui que l’on trouve à bord des vaisseaux spatiaux avec lesquels le cinéma de science-fiction nous a familiarisé. Le sas est ce lieu intermédiaire entre le vide sidéral et l’intérieur du vaisseau. Il est plus moderne que « mise en quarantaine ». Il dit que nous sommes dans le même bateau. « Puisque nous sommes maintenant dans le même bateau, l’humanité doit prendre soin du bateau mondial dans son ensemble », Kishore Mahbubani cité par Klaus Schwab dans son livre Covid-19, la grande réinitialisation.

Si on n’applique pas la quarantaine, on peut tous mourir…

Il y a un passager à bord, à votre bord peut-être. Un alien. Alien, le 8e passager. Ils ont laissé entrer le monstre à bord du Nostromo, allusion certaine au roman du même nom de Joseph Conrad. Roman considéré comme son chef-d’œuvre où il s’agit d’assurer la prospérité d’une mine, puis d’en sauver le trésor. Le Nostromo d’Alien est chargé de vingt millions de tonnes de minerai. Mais comme dans le roman de Conrad, cette intrigue au sujet du minerai est secondaire.

Alien : ils sont 7 à bord. Chiffre porte-bonheur, chiffre sacré même qui symbolise l’esprit, l’introspection et la sagesse spirituelle. « Les 7 milliards de personnes qui vivent sur notre planète ne vivent plus dans une centaine de bateaux distincts [pays] ; elles vivent dans 193 cabines à bord du même bateau » (Kishore Mahbubani, toujours cité par Schwab). On comprend pourquoi ils ne veulent pas abandonner Kane, l’officier qui s’est fait happer le visage par cet être arachnoïde. Ils veulent être sept même au risque d’être huit. Mais le chat ? N’ont-ils pas oublié le chat ? N’ont-ils pas oublié cet animal domestique ? Ce chat, c’est l’innocence, celui pour le sauvetage duquel Ripley va risquer sa propre vie. Et si on ne sauve pas l’innocence, à quoi bon survivre dans ce monde qui est la proie du froid calcul, de l’intérêt égoïste ? C’est se mettre au même niveau que l’alien, c’est être alien. Toute la beauté, toute la bonté du film se trouvent dans la survie du chat. C’est le sauvetage du chat qui sauve l’humanité.

« Si nous le laissons entrer, l’appareil risque d’être infecté, tu connais la procédure de quarantaine : vingt-quatre heures de décontamination », rappelle Ripley, devenu officier en chef puisque le commandant est sorti voir d’où provenait cet appel mystérieux qui a sorti de leur hibernation l’équipage alors qu’il y avait encore onze mois de route jusqu’à la terre. « Il peut mourir en vingt-quatre heures. Ouvre le sas ! », ordonne le capitaine Arthur Koblenz Dallas, commandant de bord. « Si on n’applique pas la quarantaine, on peut tous mourir ».

Le Pouvoir n’est que chiffres, il est par les chiffres, il se consolide par les chiffres

Ripley veut connaître l’alien, savoir qui il est. Nous, nous n’avons pas étudié Sun Tzu et son Art de la guerre : « Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites. ». Nous sommes aliénés, c’est-à-dire étrangers à nous-mêmes. Nous ne nous connaissons pas alors comment pourrions-nous connaître nos ennemis ! Cet ennemi nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Il saura nous instiller la peur de nous-mêmes. Il nous laissera dans le sas où l’on attendra de savoir si l’alien, le SARS-CoV-2 a incubé et s’est multiplié. Et nous ne croyons pas que nous ayons des ennemis ou nous sommes si peu à le penser. Nous ne pouvons pas imaginer que derrière la « bienveillance » du Pouvoir se cache le pire Mal. Schwab n’est pas à bord de notre Nostromo. C’est le chef de la compagnie qui a intégré secrètement un androïde à l’équipe, Ash, chargé de récupérer l’alien pour l’étudier et l’amener sur terre. C’est Ash qui va ouvrir. C’est le scientifique de l’équipe, et l’on peut se laisser abuser par sa froideur et son manque totale d’empathie en croyant qu’elle est due à sa qualité d’homme de science, et non parce qu’il est un être programmé pour faire entrer l’Alien, un être corrompu en quelque sorte par la Compagnie. Mais ne croyons-nous pas, nous aussi, que l’homme de science n’est pas comme les autres ? Il n’est ni la proie du pathos comme le commun des mortels : « Enfin est-ce que tu vas ouvrir cette saloperie de sas ! » (la navigatrice Joan Marie Lambert), ni dans la rigidité du respect absolu des consignes : « Non, je ne peux pas ; si vous étiez à ma place, vous en feriez autant » (Ripley, celle qui survivra, la seule qui survivra). Ainsi nous a-t-on convaincus de ce qu’était un homme de science. Un être qui surnage au-dessus du marais humain, de la conscience humaine. Cette science-là est sans conscience, elle est bien ruine de l’âme. Car d’âme, il n’y a plus. La science que nous connaissons, c’est celle de la télévision, infestée par ces « scientifiques » perclus de corruption, corruption que l’on nomme pudiquement, hypocritement, « conflits d’intérêt ». Mais voilà, Schwab et l’OMS, et Mckinsey, et Bill Gates et consorts qui nous ont confinés, eux ont eu le bon réflexe, ils ont suivi l’exemple de Ripley. Leur IA, leur robot, à eux, est bienveillant. Il se nomme prospective, il est composé d’algorithmes qui savent lire l’avenir. Nous sommes dans Alien, eux sont dans Minority Report. Ils ont des années d’avance sur nous. Ils ont la précognition. Les mathématiques légitiment leur pouvoir et le pouvoir leur est donné par les mathématiques. « On peut débattre de tout sauf des chiffres », disait une publicité covidiste. Le Pouvoir n’est que chiffres, il est par les chiffres, il se consolide par les chiffres. Nous vivons l’ère de la Technocratie absolue. Ainsi dire, « On peut débattre de tout sauf des chiffres », dans un monde où le chiffre est Dieu et Roi, absolu, c’est dire qu’on ne peut débattre de rien. C’est revenir à des temps barbares non pas au Moyen-Âge comme on l’entend dire souvent car le Moyen-Âge était allé retrouver les Anciens latins et grecs, et même dans sa décadence, il avait encore la scolastique. Nous n’entrons pas dans un néo-féodalisme car le seigneur vivait parmi les serfs, l’enceinte de son château était ouverte lors des guerres, et si famine il y avait, il ne pouvait pas y échapper. Nous entrons dans des temps barbares où seuls les maîtres auront la maîtrise du langage, c’est-à-dire de l’algorithme. Le seul langage qui sera reconnu comme langue universelle, nouvelle construction de Babel. Si nous les laissons faire !

Thierry a été responsable de la réunion annuelle de Davos et a dirigé le Global Risk Network du Forum Economique Mondial

Nous étions en hibernation et l’oligarchie mondiale alliée à l’intelligence artificielle, nous a réveillés brusquement pour nous confiner. Schwab, dans son livre cité, s’est agrégé l’apport de Thierry Malleret. « Thierry Malleret est l’auteur du Monthly barometer – une lettre de prospective et d’analyse distribuée à plusieurs milliers de décideurs et faiseurs d’opinion à travers le monde.

De 2000 à 2006, Thierry a été responsable de la réunion annuelle de Davos et a dirigé le Global Risk Network du Forum Economique Mondial, un réseau réunissant des hommes (et femmes !) d’état, des « grands patrons » et des représentants du monde académique pour réfléchir collectivement à la façon dont les risques globaux affectent le monde de l’entreprise et la société au sens large, ainsi qu’à apporter des solutions. Avant cela, Thierry a travaillé pour des banques d’investissement (à Londres et Moscou), dans des think-tanks (aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne), et au sein des services du Premier Ministre à Matignon. » (Source : https://www.mountain-path.com/bio-thierry-malleret-1).

Voilà ce qu’est leur science. Des calculs mathématiques pondus par des informaticiens qui ne vont pas cracher dans la main qui les nourrit. Restons modérés : admettons que s’ils n’avaient pas prévu la pseudo-pandémie, ils avaient échafaudé le plan qui permettrait de transformer n’importe quelle grippe en Peste noire. Vous comprendrez qu’alors devait se déchaîner toute leur haine contre un professeur qui osait faire la réclame pour une molécule qui a vu le jour en 1936 et qui est commercialisé en France en 1949. Plus de soixante-dix-ans d’existence : autant dire la préhistoire de l’intelligence artificielle. C’est elle qui a raison, car c’est leur dieu, les mathématiques. Le nouvel opium du peuple qu’on injecte en intraveineuse, celui qui nous fera délirer, oublier que Schwab et compagnie n’ont qu’une seule Vérité, le profit, l’argent.

Pour les membres de l’équipage que nous sommes, il n’y a que Mother, cet ordinateur de bureau qui n’est qu’une couverture. Il ne donne que les informations qu’on lui permet de donner. Mother ce sont nos journalistes qui ne sont que des voix de transmission du Pouvoir. Mother l’appele-t-on parce qu’elle est la mère de l’IA. L’oligarchie crée les Ash, les algorithmes secrets et puissants. Mother, le journalisme inféodé n’en restitue que l’écume, la plupart d’entre eux s’y soumet par ignorance. On ne défie pas les Prométhée et autres « porteurs de lumière » (Lucifer). Le journaliste leur a donné ce qui lui restait d’âme, c’est-à-dire rien du tout. Il n’est que la marionnette du Grand Ventriloque. On ne peut se réjouir que d’une chose : il sera certainement l’un des premiers à disparaître, l’un des premiers que l’IA pourra remplacer car il s’agit juste de remplacer un artifice et non une intelligence.

L’assignation à résidence, c’est nous abandonner à nos peurs animales, à notre instinct, à notre cerveau reptilien atrophié, à cet ennemi qu’on ne peut pas voir

Vous vous êtes amusés à vous faire peur en visionnant des fictions d’Hollywood. Vous savez bien que la réalité dépasse la fiction. Votre univers mental est infesté de ces peurs. Nous sommes dans le sas de confinement : derrière nous, c’est le vide spatial, la mort ; devant nous, c’est le retour à la vie normale. Restez dans le sas et, si vous êtes en proie à la mort, nous prendrons le risque de venir vous sauver, si nous avons le temps. Le confinement dit : « nous sommes en sursis ». En sursis de vie et de mort. Le confinement s’adresse aux gens responsables, les autres sont envoyés en première ligne : les prolétaires. Ceux qui n’ont que leurs bras…

Le covidisme a été rendu possible parce que la société française particulièrement – elle sera le principal terrain de mon analyse – a atteint un degré de développement politique, social, moral, historique, culturel et technologique qui l’a permis. Il n’y a pas de génération spontanée. Le covidisme est comme un parasite qui attend son hôte, un virus qui patiente jusqu’à ce que le terrain qu’il hante soit propice à sa multiplication.

L’assignation à résidence, c’est nous abandonner à nos peurs animales, à notre instinct, à notre cerveau reptilien atrophié, à cet ennemi qu’on ne peut pas voir. C’est se retrouver coincé avec La Chose de Carpenter dans une station scientifique en Antarctique. Nous y sommes : isolé dans la froideur de notre monde qui ne viendra à votre secours que lorsqu’il sera peut-être trop tard, quand vous aurez des problèmes pour respirer, quand cette fonction vitale sera atrophiée. Tout scientifique qu’ils sont, ils ne pourront pas lutter contre l’intrus destructeur qui peut prendre la forme de tout être vivant, et l’on se méfie de chacun, la peur se transforme en paranoïa, on se méfie de son épouse, de son époux, de ses enfants. Vous ne pouvez rien faire d’autre qu’attendre, attendre que la maladie vous prenne ou qu’elle vous ignore, que la mort vous prenne ou vous ignore. « Un être humain privé de la faculté d’avoir un impact significatif sur le monde cesse d’exister. » (David Graeber, Bullshit Jobs). Que vous mourriez ou que vous surviviez, vous n’existerez plus que comme fantôme masqué dans les rues désertes ou présence virtuelle sur Facebook, Twitter ou Instagram. Si le Pouvoir a appelé une rencontre réelle face à face « en présentiel », alors votre réunion sur Zoom ou Google Meet se fait donc, elle, « en absentiel ».

L’assignation à résidence, c’est brider l’humain dans l’Homme et suppléer ses « manques », ses défauts par la technologie

Ils ont détruit dieu et le socle de nos sociétés, nos familles. Nous sommes happés par le quotidien de nos vies. Trouver une crèche, le conflit avec notre adolescent, le coût du loyer ou du crédit. Peut-être allons-nous divorcer ? Ce travail qui nous épuise, qui demande qu’on y mette notre âme et comme nous l’avons perdue, nous ne savons y mettre que nos peurs. Et on ne va pas si mal quand on regarde autour de nous alors on n’a pas le droit de se plaindre, la médecine soignera tous nos empoisonnements de l’esprit. On ne va pas critiquer la science quand même ! De quelle liberté peut-on nous priver que nous n’avons pas déjà perdu ? Nous ne savons même plus de quoi elle est faite. Nous avons abdiqué depuis longtemps. J’avais abdiqué. J’avais renoncé, abattu. Je pensais errer sans but dans notre nuit. Un producteur qui reproduit si peu, juste reproducteur. Nous sommes las car nous n’inventons plus rien. Nous sommes devenus des hyperprolétaires. Celui qui avait peur du déclassement est tombé plus bas que le plus pauvre parmi les pauvres. « Vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux ». Mais ça fait longtemps qu’on vous a tout pris. Et du fond de notre confinement, c’est ce que nous avons ressenti. Notre inutilité. Les premières lignes, ce n’étaient pas nous. C’était sensé nous rassurer. La piétaille qu’on envoyait au combat, infirmières, caissières, chauffeurs-livreurs, tous les esclaves des entrepôts d’Amazon, etc., ce n’étaient pas nous. Une manière de nous dire que nous sommes, membres de la couche moyenne, dans le même bateau que l’oligarchie. Nous avons autant besoin qu’eux d’esclaves pour assurer notre survie. « Restez chez vous ! », repreniez-vous en chœur, mais êtes-vous sûr d’avoir un chez-vous ? C’est nous abandonner à notre inutilité, c’est la souligner, faire comprendre à la classe moyenne qu’elle n’est qu’un sous-prolétariat qu’on occupe dans des emplois à la con (Bullshit Jobs).

L’assignation à résidence, c’est brider l’humain dans l’Homme et suppléer ses « manques », ses défauts par la technologie. Nous renfermer sur moins que nous-mêmes puisque nous sommes des êtres sociaux. Nous renfermer sur plus que nous-mêmes via la vie virtuelle du réseau. L’assignation à résidence, c’est nous faire ressentir collectivement et individuellement, la honte prométhéenne dont parle Günther Anders et que l’on peut résumer par cette honte d’être né plutôt que d’avoir été fabriqué. Attendre le vaccin car seuls le progrès technologique et l’industrie peuvent pallier nos manques. L’ARN messager inaugure l’homme augmenté en masse. L’injecté est déjà un transhumain. Ce n’est pas un vaccin que l’on vous a inoculé, c’est de la technologie. Mais ne sommes-nous pas dès le début des hommes augmentés, depuis que nous avons eu besoin de nous vêtir, de nous chauffer, de cuire nos aliments, etc., ?

Nous verrons dans le prochain texte que d’autres, qui ne sont pas des mathématiciens – mais quelques mathématiciens apostats pourront peut-être les rejoindre –, avaient prévu à leur manière que nous pouvions en arriver là, tout simplement parce qu’eux pensaient que nous y étions déjà.

1« Existence et écriture », Aldo Giorgio Gargani, in Thomas Bernhard, sous la direction de Pierre Chabert et Barbara Hutt, éditions Minerve

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