Watson et les baleiniers : la longue traque

Depuis cinquante ans, la canadien Paul Watson parcourt les mers pour sauver les espèces marines en danger. Grand défenseur des baleines, il a défié les baleiniers japonais à de nombreuses reprises. Arrêté le 21 juillet 2024 au Groenland, le berger des mers est maintenu en détention à la prison de Nuuk dans l’attente d’une décision des autorités danoises sur une éventuelle extradition vers le Japon, dans l’indifférence générale de la communauté internationale. La protection de la vie et de la nature ne devrait-elle pas être l’affaire de tous ?

La planète Mer est en danger

Pourquoi appelons-nous planète Terre une planète qui est recouverte à plus de soixante-dix pour cent par les mers et les océans ? Ne pourrions-nous pas plutôt l’appeler planète Mer ? Il est vrai que nous vivons sur la terre et non pas sur l’eau. Néanmoins la Mer est très habitée. En réalité, c’est tout un écosystème qui est mis à mal par notre activité humaine. Surpêche, massacre des espèces aquatiques en voie de disparition, pollution, etc., la liste de nos méfaits est très longue. Et pourtant, les océans ont un rôle capital, celui de fournir de l’oxygène à tous les habitants de la planète. Ils régulent la température de la surface de la Terre, absorbent les gaz à effet de serre et nous fournissent les moyens de subsistance indispensables à notre survie.

Cette prise de conscience m’a amenée à m’intéresser et me documenter sur l’activiste écologique Paul Watson. Célèbre défenseur des baleines, son combat l’a conduit en détention dans une prison du Groenland. Retour sur les faits.

Un capitaine au secours des baleines

Recherchées pour leur chair et leur graisse, les baleines ont fait l’objet d’une chasse intensive pendant le XIXe et le XXe siècle. De nombreuses espèces sont maintenant en voie de disparition, c’est pourquoi des traités internationaux en limitent la chasse de façon très stricte. Pour autant, certains pays comme le Japon ou la Norvège continuent à ne pas respecter les moratoires votés.

Depuis cinquante ans, le canadien Paul Watson milite pour la défense et la protection des baleines, au sein de l’ONG qu’il a créée en 1977 Sea Shepherd. Dédiées à la protection des espèces marines, leurs campagnes portent sur la défense des baleines, des dauphins, des phoques ainsi que de nombreuses autres espèces marines, menacées par le braconnage, la pêche non durable, la destruction de leur habitat et leur captivité.

Dans l’exercice de ses missions, Paul Watson n’hésite pas à traquer les baleiniers et à organiser des actions directes qui lui ont valu un grand nombre d’ennuis judiciaires. En 2010, à la suite de sa campagne contre les baleiniers japonais, ces derniers attaquent Paul Watson devant la justice américaine, l’accusant d’avoir abordé et dégradé le baleinier japonais Yushin Maru II et blessé son personnel, mais ils échouent. Il reste néanmoins sous le coup d’une notice rouge (Une notice rouge est une demande adressée aux services chargés de l’application de la loi du monde entier à l’effet de localiser une personne et de procéder à son arrestation provisoire dans l’attente de son extradition, de sa remise ou d’une mesure similaire conforme au droit). En 2022, il crée la Fondation Captain Paul Watson, afin de s’adresser directement aux militants. Grâce aux dons, il achète un nouveau bateau et reprend la mer. Il prévoyait cet été de s’opposer au Kangei Maru, le nouveau navire baleinier japonais, un bateau-usine tueur de baleines dont la construction a coûté l’équivalent de 44 millions d’euros. Il est arrêté le 21 juillet 2024 au Groenland par les autorités danoises en raison de la notice rouge publiée par Interpol à son encontre en 2012.

Libérez le Berger des mers

Le tribunal maintient Paul Watson en détention à la prison de Nuuk. Le 23 octobre, la justice décide de prolonger pour la quatrième fois sa détention jusqu’au 13 novembre, dans l’attente d’une extradition vers le Japon. Le 25 octobre, le capitaine canadien s’adresse directement au président Macron et sollicite la nationalité française.

Le Japon traque Paul Watson depuis 2012 au moyen de la notice rouge émise par Interpol à sa demande et il a fait de sa capture une affaire de principe.

Le capitaine peut compter sur le soutien indéfectible de Lamya Essemlali, la co-fondatrice et présidente de Sea Shepherd France, qui a organisé sa défense au Danemark et en France. En 10 ans de missions contre la chasse baleinière japonaise dans le sanctuaire baleinier antarctique, Paul a soustrait aux harpons explosifs japonais plus de 5000 baleines, sauvant aussi par la même toute leur descendance. Contrairement aux accusations mensongères du Japon, il a réussi cette prouesse sans avoir jamais blessé personne. De plus, pour tenter de contrer et d’échapper aux navires de Paul Watson, l’industrie baleinière a dû débourser plusieurs dizaines de millions d’euros. Ils ne lui pardonnent pas cet affront.

Qui aura le dernier mot ?

Le dernier mot est un clip réalisé pour alerter l’opinion publique sur le sort de Paul Watson. Composée par Francis Lalanne et interprétée par une trentaine d’artistes dont Florent Pagny, Zazie, David Halliday, Cali ou encore Chloé (que nous avons interviewée pour l’Écho le mois dernier, à l’occasion de la préparation de son dernier album A l’aube de l’écorchure), cette chanson ne laisse pas indifférent. Personnellement, elle m’a émue. Au début, le chant des baleines se mêle aux voix des artistes et le clip nous montre des images de Paul Watson et de son combat.

Encore une fois, ce combat est inégal. Et il est perverti. Le Japon continue la chasse à la baleine à outrance et à des fins commerciales malgré l’interdiction formulée par les différents traités internationaux. Il poursuit cette chasse avec des méthodes barbares, construisant de véritables machines de guerre, bateaux-usines destinés à traquer les baleines, à les capturer puis les tuer de façon brutale. Et c’est le défenseur des baleines qui se retrouve en prison. Traité « d’éco-terroriste » par certains, son sort embarrasse la communauté internationale et est suspendu par l’attente. Le capitaine canadien de soixante-quatorze ans risque jusqu’à quinze année de prison. Le système carcéral japonais est très dur ; s’il devait être incarcéré, il n’aurait pas de procès équitable et ne sortirait pas de prison de son vivant.

Le dernier mot, c’est la mer qui l’aura.

« Si l’océan meurt, nous mourons tous. Aujourd’hui, nous sommes peut-être considérés comme des extrémistes par certains, mais pour les générations futures, nous serons de bons ancêtres », Paul Watson.


Pour aller plus loin :
https://www.paulwatsonfoundation.org
https://seashepherd.fr/(où vous pouvez signer les pétitions en faveur de Paul Watson)

Le dernier mot

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